vendredi 30 mai 2014

De l'exploitation en bande dessinée...

Ami(e)s Auteurs, un contrat d’édition n’est PAS un contrat de travail.
Je pense qu’il est indispensable que chaque auteur, débutant ou expérimenté, se rentre ça dans le crâne une bonne fois pour toutes. Car le conséquence directe de ce constat est qu’à aucun moment il ne prend en compte vos nécessités vitales.
Un contrat d’édition, c’est la mise à plat des conditions auxquelles une maison d’édition va exploiter les fruits de votre travail, quelles sont les obligations contractuelles des uns et des autres, ainsi que leurs droits, et comment va s’ordonner la répartition des gains entre elle et vous. Et plus particulièrement, quelle sera la part de droits d’auteurs qui vous reviendra. Hors, la bande dessinée ne pouvant être réalisée en parallèle d’un autre travail à plein temps, les éditeurs ont pris l’habitude de céder aux auteurs une somme donnée, en avance sur ces droits, afin que ces derniers puissent subvenir à leurs besoins pendant la réalisation de leur livre. Mais dans les faits, le fait de savoir si oui ou non ils peuvent effectivement subvenir à leurs besoins de manière satisfaisante n’entre pas en ligne de compte.
Lorsqu’il calcule l’avance qu’il peut vous consentir, un éditeur ne se pose pas une seule seconde la question de savoir si vous pouvez vivre avec cet argent. Son calcul est basé sur un tableau d’amortissement, qui lui permet de déterminer ce que va lui coûter le livre, à partir de quel chiffre de ventes il peut commencer à gagner de l’argent, et subséquemment quelle somme il peut vous avancer sans prendre trop de risque financier. A aucun moment, durant ce calcul, il ne prend en considération l’argent dont vous avez réellement besoin pour vivre au jour le jour. Et de son point de vue, il y a une logique à cela.
Car si il le faisait, il paierait très cher un auteur « lent », faisant par exemple deux pages par mois, ayant cinq enfants à nourrir et des dettes à rembourser. Et quasiment rien un auteur débutant, rapide, et habitant encore chez ses parents. On voit par là que la situation personnelle et le rythme de travail d’un auteur ne peuvent pas être réellement pris en considération par l’éditeur, sans quoi il proposerait, pour le même travail et pour des ventes attendues similaires (et donc un exercice comptable identique ou quasiment) des prix variant de 1 à 100. Hors, chez les gros éditeurs en tout cas, on constate une certaine unité dans les avances consenties. C’est bien la preuve que le calcul de celles-ci est, quoi qu’ils en disent, TOTALEMENT déconnecté des besoins réels de vie quotidienne et de budget des auteurs. Le comprendre, c’est mieux comprendre la logique des gens que vous avez en face de vous, savoir ce qui vous attend si vous voulez travailler avec eux, et accessoirement être mieux armés pour négocier.
Car rien n’est plus dangereux que de négocier sur un (immense) malentendu, et ce d’autant plus que parfois aucune des deux parties n’en a réellement conscience.
Bisous.
(et faîtes tourner si vous pensez que c’est utile…)